petite histoire...
La fée et le crapaud
Un coassement me réveille, je suis
recroquevillée dans la fleur d’un nénuphar et le soleil n’est pas encore levé.
J’ai froid et la rosée recouvre mon corps encore endormi. Je tends mes jambes
endolories et les secoue pour enlever les perles argentées de la nuit. Plus un
bruit ! Quelques rayons de soleil commencent à percer les épais nuages
gris, il a beaucoup plut hier.
Mon ventre gargouille ou est-ce encore ce
coassement ? Non, j’ai faim. Mon estomac est tout tordu, j’ai peu manger
hier, à cause de la pluie. Je quitte la fleur encore fermée et me retourne, je
me sens observée… Il est là, derrière moi, énorme, la langue pendante. C’est un
crapaud ! Il me regarde avec autant d’étonnement que moi.
Je pense qu’il n’a jamais vu une fée, sinon il
n’aurait pas cet air stupide qui le caractérise à ce moment même. C’est vrai
que je suis peu vêtue mais nous le sommes toutes ! Qu’a-t-il donc à
m’observer de la sorte ?
« - Ca va ? lui demandais-je.
- Côa ?
- Pourquoi me regardes-tu comme ça ?
- Je… Je te trouve tellement… coâ… jolie !
- Ah ah ah ! Moi, je te trouve répugnant ! Tu baves, tu es
gluant… Beurk !
- Je t’observais depuis… coâ… longtemps, très longtemps ! Tu me plais
beaucoup, le sais-tu ?
- Tu as de gros yeux, des pustules partout et tu sens la vase !
Crois-tu vraiment que je puisse m’intéressais à toi ? Sérieusement ?
- Oui, je sais, je ne suis pas très… côa… beau…
- … tu es même affreux pour être honnête !
- Oui, tu dois sans doute avoir raison mais je suis gentil !
- Quand bien même, tu es tellement repoussant !
- Je n’aurais pas dû t’importuner de la sorte… côa… Pardonnes moi !
Je m’en vais.
- C’est ça, au revoir !
Et là, il saute dans l’eau et disparaît dans les herbes hautes qui
longent l’étang.
Je ne me sens pas très en
forme, toujours cette faim qui me tord le ventre. Je vole vers un framboisier
et dévore un fruit charnu et juteux en quelques bouchées. Le jus sucrée me
dégouline sur le menton et sur la poitrine. Je m’assois sur une branche
dépourvue d’épines afin de me débarrasser de ces tâches rouges et collantes. Je
frotte avec mes mains mais elles ne partent pas, aussi, je décide de plongée
faire quelques brasses dans l’eau glacée.
Je me sens toute bizarre,
je ressens une drôle de sensation là dans ma poitrine, comme une épine qui
m’aurait transpercé…
Je nage vers la rive, puis m’extirpe de l’eau difficilement, une tâche
est restée sur mon sein gauche.
Que se passe-t-il ? Ma vue se trouble, je me sens mal, je glisse
et me retrouve allongée sur l’herbe.
« - Qu’as-tu la fée ? »
Encore ce maudit crapaud !
« - Je me sens terriblement mal ! Je crois que je vais
mourir, aides-moi ! Vas chercher mon frère, il vit au noyer bleu… je t’en
supplie…
- Non…
- Pourquoi donc ? Je vais mourir, j’ai besoin de ton aide ! Je
suis désolée pour tout à l’heure ! Vas-y ! Dépêches-toi !
- C’est trop tard petite fée, je ne peux pas t’aider… Je suis le magicien
de la forêt et je t’ai jeté ce sort pour te punir !
- Pourquoi donc ?
- Tu m’as déçu, tu n’es pas celle que je pensais… Tu n’as aucune
compassion, ton cœur est un vilain caillou ! En ce moment tu ressens la
même chose que ce pauvre crapaud tout à l’heure. Tu lui as brisé le cœur, alors
je te montre à toi la fée ce que c’est que de souffrir ! J’espère que tu
as compris la leçon. Pars et réfléchis. Qui es-tu petite fée pour avoir le
droit de rejeter les autres selon le seul critère de l’apparence ? Ne
reviens que lorsque tu auras la réponse ! Aller, vas-t-en ! »
Je me lève et m’envole aussitôt. Merci crapaud !
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